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le plus secret de la création, là où se cache peut-être le mystère du génie: dans le style, dans le verbe. Et cette intimité devient une source de voluptés infinies. Vraiment, je suppose que la décomposition chimique de la phrase d’un écrivain de génie produit un certain ozone que l’on aspire, dont on se grise, et dont l’aspiration devient une habitude, presque un vice, un gouffre où l’on s’engloutit. On se crée tout un sérail de styles, combien différents les uns des autres, combien amusants dans leur variété. La phrase savamment sèche de Mérimée auprès de la phrase congestionnée de génie de Balzac; la phrase sublime de dégoût et d’amour de Pascal, et la phrase éprise d’elle-même de Chateaubriand, et la phrase de Stendhal et de Musset et de tant d’autres... Chacune a son visage, son toucher, sa caresse berçante, piquante ou brutale. Je vous assure que c’est une débauche. Et, après ce travail d’analyse instinctive, le travail de reconstruction: le plaisir de couler le mystère de cette phrase dans le moule de notre propre langue. Une des choses les plus curieuses, ce sont les relations de deux langues différentes. Ainsi la langue polonaise et la langue française se rencontrent surtout deux fois: la première fois au XVI-e siècle, la seconde fois à l’époque du Romantisme. Au XVI-e siècle nous buvions tous aux sources du latin; ainsi Montaigne, reproduit en polonais, nous semble presque aussi familier — génie à part — que nos anciens écrivains de cette époque. Rien de plus spécial au contraire que votre langue du XVIII-e siècle: cette langue parfois si alambiquée et si précise, si „cartésienne” même dans ses frivolités; il est plus facile de traduire tout Rabelais, que de bien rendre une seule page de Marivaux. Et puis, nous nous rencontrons de nouveau à l’époque du Romantisme: c’est le même souffle commun, la même phrase ailée et émue qui résonne chez vos grands poètes comme chez les nôtres.

Ainsi je m’improvisai critique littéraire. Les préfaces dont je faisais précéder chaque traduction formèrent les quelques volumes de mes Etudes sur la littérature française, y compris un livre sur Molière.

Le total de ces traductions embrasse jusqu’aujourd’hui trente et quelques auteurs français et atteindra bientôt une centaine de volumes. Sur cet aveu je crains de voir quelqu’un de vous faire la moue et dire: „Mais c’est dégoûtant, ce n’est pas un homme, mais une machine à traduire”. Ne le pensez pas, cela me ferait de la peine. Tout au contraire; je n’ai jamais fait une seule ligne par application, par assiduité. Toujours, pendant le travail, je sentais en moi comme le frémissement d’un rythme, comme qui dirait un chant; si je savais chanter, je vous chanterais ici la musique non seulement des Femmes savantes mais des Provinciales et de Candide...

La grande guerre finie, ayant ôté l’uniforme, j’abandonnai heureusement la médecine et je me donnai entièrement à la littérature. On me proposa... diverses choses: une chaire à l’université et le feuilleton de théâtre. Je choisis, bien entendu, le feuilleton de théâtre, d’abord à Cracovie, puis à Varsovie. Je l’acceptai en plaisantant, presque par gageure, car jamais auparavant je ne m’étais beaucoup intéressé aux choses du théâtre. Mon premier feuilleton tomba heureusement sur le Tartufe de Molière. Et bientôt je m’aperçus, qu’avoir pesé et analysé chaque phrase et chaque scène de Molière, de Marivaux, de Beaumarchais et de Musset, cela permettait tout de même d’avoir quelques idées sur le théâtre. Et puis je m’aperçus aussi que c’est là, plus qu’autre part, que je pouvais rendre service à la cause qui m’était chère. C’est par le théâtre que notre grand public connaissait principalement, parfois exclusivement, la France; c’est là aussi que se trouvait la source de beaucoup de malentendus. Songez seulement: un jour on jouait au théâtre Le Canard sauvage ou Les Revenants et l’autre jour La Dame de chez Maxim: et l’on en tirait la conclusion que les Scandinaves étaient de beaucoup plus profonds que les Français...

En parlant de l’attitude du grand public et même de celle des lettrés vis à vis du théâtre français, j’avais dit qu’il y avait là quelques préjugés à combattre. On pouvait étendre cette thèse sur l’attitude du grand public vis à vis de toute la littérature française. J’en ai mentionné la cause principale: le manque de la connaissance de la langue. En analyser les autres causes, cela nous mènerait trop loin, il faudrait toucher peut-être à des choses politiques. Nous étions loin de vous, nous étions séparés de vous par un mur épais. Nous avons subi, par contrainte, des influences étrangères qui s’infiltraient par toutes les voies, par le voisinage, par l’école, par le livre, par les facilités mêmes qu’elles donnaient. Ces influences étaient très franchement contraires à l’esprit français, et elles répandirent beaucoup de préjugés d’autant plus dangereux qu’ils sont devenus inconscients. On était à la fin assez enclin à croire que morosité veut dire profondeur, que lourdeur veut dire méthode, et que manque d’esprit veut dire esprit sérieux.

Donc, peu à peu je devins une sorte d’éducateur, je devins moi-même presque un homme sérieux. Mais, croyez moi, ce n’était pas mon ambition. Plutôt je fuyais cette qualité désastreuse, je la „haïssais plus que peste”, comme dit le bon Brantôme, d’ailleurs d’autre chose. J’avais le sentiment que le secret de ma réussite, c’était surtout la confiance que le public avait en moi, c’était sa croyance que je ne l’ennuierais jamais. Il serait même injuste de passer sous silence mon auxiliaire non pas le moins puissant peut-être: ma mauvaise réputation. Le fait, qu’à mes débuts, on m’avait classé comme corrompu, m’a aidé prodigieusement. Je ne combattis pas ce mythe; plutôt je le conservai comme un précieux fétiche. Même, je l’avoue, une fois je l’utilisai sciemment. Persuadé que pour bien comprendre la ligne du développement de la littérature française il faut absolument connaître le petit livre Le discours de la méthode de Descartes et craignant de ne pas trouver pour ce livre assez de lecteurs bénévoles, je pourvus cet opuscule en polonais de cette bande alléchante: „Pour adultes seulement”, en expliquant loyalement dans ma préface qu’en effet ce livre est seulement pour les adultes, étant pour la jeunesse de beaucoup trop difficile et trop sérieux. Mais l’effet en fut immédiat. Les potaches, les fillettes, les vieux marcheurs, tous entraient avec un air innocent dans la librairie et emportaient dans leur manchon ou sous le manteau leur Descartes; puis ils couraient à la maison, verrouillaient leur porte et se plongeaient dans le livre, pour voir quelle était cette méthode mystérieuse qu’ils ne connaissaient pas encore. Grâce à cela, Le discours de la méthode obtint en peu d’années quatre éditions en polonais, succès qui dépassa assurément les rêves de ce philosophe.

Ai-je besoin d’ajouter que mon travail n’est pas fini? Peut-être il n’est que commencé. Mon père a vécu 84 ans; j’espère vivre au moins autant: le plaisir conserve. En ce moment je continue mon édition complète de la Comédie humaine, j’en suis à la moitié. Longtemps j’ai résisté à cette folle idée de traduire tout Balzac, mais je n’ai pas pu: il m’empoigna, et Balzac était le plus fort. Toutefois, dernièrement je lui ai fait une petite infidélité: il y a quelques mois j’ai publié L’esprit des lois de Montesquieu: c’est notre ministre de la justice lui-même qui a fait la correction des épreuves. C’est chic, n’est-ce pas?

Je reste tout confus après cet acte d’exhibition, pour lequel j’implore humblement votre indulgence. Il me tenait à cœur de vous persuader d’une chose: c’est que, si je me suis donné à la littérature française, je m’y suis donné non pas à la manière froide et méthodique d’un pion, mais comme il faut se donner à elle: avec amour, avec passion, avec joie. Et comment pourrait-il en être autrement? Comme vous avez pu le voir par cette confession, c’est à la France que je dois tant; c’est elle qui m’a élevé, éveillé, délivré, c’est elle qui a changé ma lamentable existence en un plaisir continuel, c’est elle qui m’a fait écrivain et homme. Aussi, malgré tout ce que je pourrais faire pour lui témoigner ma reconnaissance, je resterai toujours son débiteur.

Discours prononcé au banquet du Cercle littéraire présidé par M. Fortunat Strowski, professeur à la Sorbonne, membre de l’Institut, à Paris le 21 février 1927.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs.

Il me serait bien difficile d’exprimer tout ce que je ressens en ce moment. Je vous l’ai déjà dit avant-hier, m’étant trouvé sur l’estrade de l’amphithéâtre de la Sorbonne: cela me semblait plutôt un songe qu’une réalité. Or je continue de marcher dans le pays des songes. Je vois à cette table la littérature française. Jusqu’ici, la littérature française c’était en quelque façon pour moi un mythe: c’étaient des livres, des titres, des noms: combien m’apparaît-elle encore plus charmante, du moment qu’elle se change en hommes vivants, en chair et en os, et si accueillants, si simples, si pleins de bonté. Croyez-moi, cette soirée restera pour moi inoubliable, elle donnera, à mes yeux, à la littérature française une toute nouvelle face: lire les livres des hommes avec lesquels on a dîné, cela vous a encore une toute autre saveur!

Messieurs, je vous remercie de tout mon cœur de m’avoir accueilli si gracieusement parmi vous. Je suis amoureux de la France depuis toujours, de Paris depuis vingt-cinq ans: eh bien, j’ai parlé au public parisien, j’ai fait rire la Sorbonne, j’ai embrassé un ministre français, j’ai dîné avec les gloires de la France et la fleur de Paris. Je peux mourir en paix. Mais pas ici, rassurez-vous, Messieurs.

Discours prononcé au banquet des Compagnons des Professions intellectuelles, présidé par M. Jacques Bertal, à Paris le 21 Mars 1927.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs!

Je remercie de tout mon cœur les Compagnons des Professions intellectuelles qui m’ont honoré de ce charmant dîner. C’est à peine que je peux exprimer, combien je suis profondément touché de cet accueil que j’ai trouvé à Paris, de ces manifestations de sympathies que j’y rencontre chaque jour. Seulement, il y a une chose. On me parle trop de mon travail et de mes mérites; cela me rend vraiment un peu honteux et confus: et puis, j’ai alors toujours l’impression qu’on parle de quelqu’un d’autre, pas de moi. Car, à la vérité, ma vie ne fut qu’une longue flânerie et qu’un plaisir continuel. J’avais ces dispositions dès ma jeunesse. J’étais paresseux, je ne respectais pas grand-chose, j’aimais les femmes: j’avais beaucoup de chances de tourner mal. Et c’est à ce tournant dangereux de ma vie, que je fus envahi par l’amour de la littérature française; et bientôt, sans bien savoir comment cela arriva, je me donnai presque entièrement à elle; et cela fut peut-être parce qu’elle ne me demandait pas de renoncer à mes vices: elle les accepta avec un sourire indulgent. La littérature française fut pour moi la délicieuse Abbaye de Thélème, où je me plaisais à vivre, où je me promenais en tous sens, en y trouvant des charmes toujours nouveaux. Parcourir ses sentiers jolis, souvent mystérieux et pleins de terreur, ce fut une douce flânerie pour ma paresse; jouir de sa diversité et de ses détours imprévus, ah, combien cela amusait mon scepticisme puéril; que de volupté trouvai-je enfin dans les caresses de ses styles si multiples et dans le charme presque sensuel de cette langue unique. Et c’est ainsi que, tout en m’adonnant à mes douteux penchants, tout en restant le mauvais garçon que j’étais il y a vingt ans, je devins, peu à peu et sans le vouloir assurément, le personnage grave et vénérable qui est ici devant vous. Il n’y a que la littérature française qui soit capable de faire de tels miracles. Et le secret en est peut-être sa profonde humanité. Elle est indulgente, elle est intelligente, elle est pleine de compassion. Elle ne veut pas que l’on soit autre que l’on n’est. Et puis, elle est un peu femme; elle ne demande pas que l’on soit sans défauts; elle demande seulement qu’on l’aime. Ah, je l’ai aimée, je peux le dire; à ce point que ce serait peut-être indiscret d’en parler ici au dessert, de cet amour; je ne veux pas

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