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Jan Kochanowski Thrènes

 

tłum. Wacław Gasztowtt

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Utwór opracowany został w ramach projektu Wolne Lektury przez fundację Nowoczesna Polska.

ISBN 978-83-288-3357-9

Thrènes Strona tytułowa Spis treści Początek utworu [Thrènes - Introduction] [Thrènes - Motto] Thrène I Thrène II Thrène III Thrène IV Thrène V Thrène VI Thrène VII Thrène VIII Thrène IX Thrène X Thrène XI Thrène XII Thrène XIII Thrène XIV Thrène XV Thrène XVI Thrène XVII Thrène XVIII Thrène XIX Przypisy Wesprzyj Wolne Lektury Strona redakcyjna
Thrènes
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Introduction Sur la mort de sa fille

Quand, il y a quelques années, il fut question dans la presse polonaise de célébrer en 1884 le troisième centenaire de la mort du véritable créateur de notre poésie nationale, je me demandai quelle part je pourrais prendre à la célébration de cet anniversaire; et, encouragé par l’accueil fait à mes traductions en vers de quelques-unes des œuvres de Słowacki, j’entrepris de traduire également le chef-d’œuvre de Kochanowski, les Thrènes sur la mort de sa fille.

Le moment est venu de publier ce travail, et ce n’est pas sans hésitation que je le soumets au public polonais et français.

Nos littérateurs polonais retrouveront-ils dans cette copie quelques-unes au moins des qualités du modèle? Son exquise sensibilité, sa simplicité «divine», cette apparente absence d’art qui est le triomphe de l’art, cette variété admirable de coupes et de rythmes qui rompt la monotonie de la plainte et fait qu’elle devient chant et poème au lieu de rester simple mélopée, et surtout cette nouveauté naïve et charmante de la langue naissante, quoique déjà parfaite, novitas florida linguae1; tout cela n’aura-t-il pas disparu dans une version française, que j’ai voulu aussi exacte que possible, où chaque vers de l’original est traduit par un vers qui lui correspond fidèlement, mais dans laquelle, pour être compris du lecteur moderne, j’ai dû employer, tout en la teintant légèrement d’archaïsme, la langue française actuelle?

Et, d’autre part, le lecteur français, que ne pourra séduire, si tant est que nous ayons réussi dans nos efforts, le charme de la difficulté vaincue, voudra-t-il admettre ce mélange de mythologie païenne et de christianisme, qui est le cachet de la poésie de Kochanowski comme de presque tous les poètes du seizième siècle? Pourra-t-il assez se déprendre des habitudes d’esprit que lui ont laissées la poésie pompeuse du dix-septième siècle, le romantisme du dix-neuvième siècle et le naturalisme actuel, pour goûter, dans le cas où nous l’aurions reproduite, cette simplicité si touchante et parfois si naïve?

Quoi qu’il en soit, voici notre humble tribut à la mémoire de l’émule et du contemporain des Arioste et des Ronsard, du devancier et du précurseur des Cervantes, des Camoëns, des Tasse, des Malherbe et des Shakespeare.

Puissent au moins nos lecteurs, en jugeant notre travail, se souvenir de ce mot du poète latin: In magnis voluisse sat est.2

V. G.

[Motto]
Tales sunt hominum mentes, quales pater ipse 
Jupiter auctiferas lustravit lumine terras.3 
 
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Thrène I
Ô du sombre Héraclite immortelles douleurs, 
Du plaintif Simonide accents mouillés de pleurs, 
De tous les malheureux cris d’angoisse et d’alarmes, 
De tous les affligés plaintes, sanglots et larmes, 
Tous, tous, accourez tous, et m’aidez à pleurer 
Ma fille, dont la mort vient de me séparer, 
Ma fille, mon trésor, dont elle a fait sa proie, 
M’enlevant à jamais mon espoir et ma joie. 
Tel un serpent avise un nid dans un buisson; 
Il fond sur les petits et d’un gosier glouton 
Les dévore... La mère accourt à leur défense: 
Elle crie et cent fois sur le monstre s’élance 
Mais en vain: le cruel à son tour la poursuit; 
Pauvre mère! À grand’peine elle-même s’enfuit! 
Mais que sert de pleurer, me dit un sage austère? 
Eh! par le dieu vivant, rien ne sert sur la terre! 
Tous nos efforts sont vains. Nous cherchons à tâtons 
Le bonheur, mais au deuil partout nous nous heurtons! 
Qui dira s’il vaut mieux écouter sa tristesse, 
Ou vaincre la nature et se dompter sans cesse? 
 
Thrène II
Ah! puisqu’il me fallait consacrer aux enfants, 
Je le vois aujourd’hui, mes veilles et mes chants, 
Que n’ai-je écrit plutôt jadis pour leurs berceuses, 
Ainsi qu’on m’en priait, quelques chansons joyeuses, 
Quelques refrains naïfs faits pour les endormir, 
Lorsque dans leur couchette on les entend gémir! 
Mieux eût valu redire une rime légère, 
Que de venir ici verser, malheureux père, 
Des pleurs sur le tombeau de l’enfant qui n’est plus, 
En poursuivant Pluton de mes cris superflus. 
Si j’avais su choisir!... Le choix n’est plus possible, 
Hélas!... Je dédaignai, dédain sot et risible, 
Cette tâche trop basse... Aujourd’hui mon malheur 
Malgré moi me condamne à chanter ma douleur! 
Qu’importent les honneurs réservés à ma Muse? 
Ah! me dit le destin, ton fol orgueil refuse 
Des chansons aux vivants, eh bien! chante les morts! 
Épuise en les pleurant et ton âme et ton corps. 
La fortune le veut, elle règne en maîtresse 
Et seule met en nous la joie ou la tristesse. 
Loi pleine de rigueur! Des ombres de l’enfer 
Reine inflexible, au cœur de roche, au cœur de fer! 
Ma fille devait donc, sans bien savoir encore 
Vivre ici-bas, mourir à peine à son aurore, 
Et, sans avoir joui des rayons du soleil, 
Aller voir le pays de l’éternel sommeil! 
Pourquoi donc parmi nous Dieu l’a-t-il fait paraître? 
Pour qu’elle pût mourir, sans doute il la fit naître; 
Et, loin de consoler quelque jour ses parents, 
Elle leur a laissé des chagrins déchirants. 
 
Thrène III
Oh! tu m’as dédaigné, ma charmante héritière! 
C’était trop peu pour toi que le bien de ton père. 
Je le sais, il n’eût pu suffire à ton grand cœur; 
Non jamais il n’aurait égalé la vigueur 
De ton esprit naissant, ces dons de la nature, 
Signes déjà certains de ta vertu future. 
Ô paroles, ô jeux, ô gracieux saints, 
Que je suis malheureux, je ne vous verrai plus! 
Elle a donc déserté la maison paternelle 
Pour toujours; ma douleur sera donc éternelle! 
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