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forĂŞt, Ă  leur gauche, un torrent; au milieu ils forment le demi-cercle31. Venceslas les voit bien, mais il considère qu’une attaque repoussĂ©e l’exposerait Ă  sa perte. Et comment se retirer, Ă  travers l’incendie? Mais qui peut Ă©viter ce que le ciel lui destine, la victoire ou la mort? «Qui m’aime, me suive», dit-il, et il pique des deux, et avant de se jeter dans le feu, le coursier bondit et se cabre, moins hardi, moins farouche, lui, que le comte Venceslas. Comment des Polonais abandonneraient-ils leur chef? Les voilĂ  dans les flammes; Ă  la lueur de l’incendie, Ă  travers le brasier et les dĂ©bris ardents, ils cherchent leur route. Les voilĂ  hors du village; aussitĂ´t, prompte et docile, lĂ©gère et audacieuse, la troupe se dĂ©ploie, et formĂ©e en ligne, s’arrĂŞte. Toutes les trompettes sonnent une mĂŞme et effrayante fanfare; tous les sabots se lèvent pour frapper un mĂŞme coup retentissant, et la gloire et la vengeance emportent dans le mĂŞme Ă©lan les chevaux qui ronflent et les cavaliers inclinĂ©s. IX

ImpĂ©tueuse fut la charge: les escadrons tatars, leurs croissants, leurs Ă©tendards Ă  queue de cheval, leurs peaux de mouton retournĂ©es, leurs arcs immenses, leurs visages basanĂ©s, leurs moustaches pendantes et noires comme le corbeau, leurs traits renfrognĂ©s, leurs yeux voilĂ©s Ă  demi, oĂą la cruautĂ© de la bĂŞte s’unit Ă  celle de l’homme, tout ce spectacle empreint d’une splendeur sauvage, l’incendie, les steppes d’alentour, les flèches sifflantes, nullement n’impressionnèrent les Polonais, ou plutĂ´t les excitèrent comme eĂ»t fait un vĂŞtement d’épines. Rapides comme l’ouragan, ils volèrent... mais, avant que l’on pĂ»t lutter corps Ă  corps, les hommes fer contre fer, les coursiers naseau contre naseau, des qu’ils eurent heurtĂ© le demi-cercle, une aile des Tatars, suivant la fameuse ordonnance, courut, derrière les Polonais, donner la main Ă  l’autre aile. Alla hu! vocifĂ©rèrent les hordes, et mille escadrons dĂ©cochèrent sur l’assaillant enveloppĂ© leurs traits empoisonnĂ©s. Hourra! crièrent les Polonais, et avec le vol du faucon, ils traversèrent la nuĂ©e de flèches, au milieu de ce cercle d’ennemis. Ils arrivent, ils arrivent, masse aux rangs pressĂ©s, foret de lances hĂ©rissĂ©es, pleine de coups, de craquements, de grondements... Choc, cri, plainte, fracas, clameurs!... La poussière surgit, et la muraille de Bisourmans, traversĂ©e, brisĂ©e, s’écroule. Les chevaux Ă©crasent les hommes; le sabre, la lance, percent sous les pieds des chevaux les mĂ©crĂ©ants comme des vipères. La fureur s’allume dans les tĂŞtes, l’acier brille, le sang jaillit, la mort se fatigue Ă  souffler sur les yeux qui tournent. Tout cela ne dure qu’un instant; de cotĂ©, par derrière, les barbares accourent en masse innombrable. Il est temps de mourir pour les Polonais; le jeune chef les rĂ©unit, les excite, les range, tourne et charge: voici la mĂŞlĂ©e; chaque homme enveloppĂ© devient tourbillon et fait face de tous cĂ´tĂ©s avec sa bravoure; taille, pique, tue, dans la foule grossissante. Dix luttaient contre un seul, mille viennent l’assaillir; la multitude se presse acharnĂ©e, avec d’affreux hurlements. Pars tout des nuages de poussière, ou volent les Ă©clairs des glaives.

X

Au milieu d’un cercle Ă©pais d’ennemis, sĂ©parĂ© des siens, seul, sans soutien, sans espoir, sans tĂ©moin, sans ami, lutte le sombre Venceslas, et dĂ©jĂ  il lutte seulement pour livrer sans dĂ©shonneur cette vie qui lui pèse. Il sème la mort, demandant la mort, car, au plus profond de son cĹ“ur, il entend le gĂ©missement de la colombe se dĂ©battant sous le bec du vautour: voilĂ  l’harmonie de ses pensĂ©es! Mais soit Ă©tonnement, soit Ă©pouvante, soit impuissance contre son bras vaillant, la masse innombrable qui l’étreignait, de plus en plus recule et Ă©largit le cercle devant lui. Ils voient, ils reconnaissent le chef; l’un après l’autre ils s’élancent, croisent le fer, succombent... ils hĂ©sitent Ă  vaincre. Regardant autour de lui avec son Ĺ“il d’azur, le jeune guerrier voit le cercle d’ennemis reculer toujours, et son cĹ“ur ne ressent que de la tristesse, Ă  l’aspect de ce merveilleux succès. Il regrette que ses pressentiment ne se rĂ©alisent pas. Pourquoi n’ont-ils plus dans leur carquois une seule flèche trempĂ©e dans le venin de la vipère, afin de la planter dans sa chair? Il dĂ©plore de les voir cĂ©der; la vie lui fait peur, il agace leur cruautĂ©, il leur prĂ©sente la poitrine! Patience, patience! le han des Tatars, au gros ventre, Ă  la face couleur de brique, vient s’abattre sur ce point, tout Ă©cumant de rage. Il a vu ses hordes plier devant une force inconnue, et il aperçoit qu’elles plient devant la bravoure d’un seul homme! Il arrache sa barbe touffue, dĂ©sespĂ©rĂ© d’un tel opprobre. Un cri sort de sa bouche bĂ©ante... horreur et honte! mille contre un seul, le sourcil froncĂ©, le sabre haut, accourent... Ils vont le hacher... le hacher!

XI

Quelles trompettes ont sonnĂ© derrière la forĂŞt voisine? Quels nouveaux escadrons arrivent au galop avec des hourras? Quel est cet autre guerrier, qui, frappant Ă  droite et Ă  gauche, se fraie un chemin par le carnage et la terreur? Son cheval effleure Ă  peine la terre, ses cheveux rares et blancs se dĂ©ploient au vent et luisent comme la crinière d’une comète; il semble nager dans l’air; dressĂ© sur l’étrier, il se prĂ©cipite, et l’apprĂ©hension redouble sa vitesse. Comme la lionne, qui a quittĂ© son lionceau, bondit de fureur en le retrouvant entourĂ© d’hommes, comme la mère, qui avait perdu toute espĂ©rance de revoir son fils, Ă  son aspect est Ă©garĂ©e par la joie, avec ces Ă©motions mĂŞlĂ©es de la mère et de la lionne, le sabre flamboyant au poing, avec le vol de l’éclair, aux yeux des ennemis Ă©tonnĂ©s, aussi Ă©pouvantĂ©s que par la vue d’un fantĂ´me, Ă  cotĂ© de son gendre le vieux Porte-glaive apparaĂ®t. Les escadrons le suivent de près. C’est Ă  toi qu’appartient son premier salut, han bouffi d’orgueil! Ils courent avec fureur l’un contre l’autre. Polonais et Tatars, immobiles, attentifs, regardent ce qui va arriver. Quelque temps le Porte-glaive se joue de son ennemi, frappe, se jette de cĂ´tĂ©, revient impĂ©tueux, presse son adversaire, et enfin, choisissant le moment, riposte par un coup vigoureux qui plonge son fer sacrĂ© dans la nuque de l’infidèle. TranchĂ©e par ce coup terrible, la tĂŞte se dĂ©tache, tourne les yeux, balbutie des paroles inintelligibles, roule, la bouche bĂ©ante, pâlit et meurt; le tronc, Ă  cheval et immobile, darde son sang vers le ciel! Un cri de terreur s’élève, les ennemis se dĂ©bandent, le cheval du han s’enfuit au milieu des hordes avec le corps de son maĂ®tre; la frayeur s’est emparĂ©e des barbares, les trompettes sonnent, sonnent le carnage; les troupes fraĂ®ches courent sur les fuyards, les autres s’élancent Ă  l’envi... choc, Ă©tincelle, sifflement et Ă©clair, coup, cris, plaintes, hennissements... et la gloire poudreuse vient embellir la destruction.

XII

La lutte se prolonge peu; beaucoup mettent bas les armes, plus encore pĂ©rissent; l’arrière-garde tombe sur les fuyards. Sur la terre piĂ©tinĂ©e coulent des ruisseaux de sang; Polonais, Cosaques, Tatars, sont couchĂ©s sans vie, immobilisĂ©s par la mort dans l’attitude oĂą chacun tomba. Leurs âmes sont au ciel, leurs chevaux errent sur la plaine. A quelque distance gisent les colpaks, les turbans; seul, le sabre fidèle reste auprès d’eux souillĂ© de sang. O toi, dont l’existence a dĂ©pendu de la bravoure de tes frères, viens entendre cette joie guerrière et ces cris de victoire. Viens voir, au milieu des cadavres que le ver entame dĂ©jĂ , les figures aux longues moustaches se fĂ©liciter de survivre, et les fronts assombris s’éclairer d’un rire dont les bruyants Ă©clats ressemblent Ă  l’écho du tonnerre! Viens, ne tremble pas, chacun doit ĂŞtre glorieux de les approcher; leur bravoure, arrosĂ©e de sang ennemi, s’épanouit si radieuse! Si en toi ce sacrifice de la vie pour sa patrie, pour ses concitoyens, n’excite que le tremblement de la peur, regarde-toi bien dans ta conscience, et tu t’épouvanteras toi-mĂŞme. Viens, presse avec un cĹ“ur reconnaissant ta tunique de laine sur ces poitrines d’acier, et baise leurs blessures.

XIII

Sur la lisière du bois s’élevait un coteau dont le front Ă©tait verdoyant, et d’oĂą les parfums du serpolet s’épandaient Ă  l’entour.

Sur le penchant, des bouleaux inclinĂ©s, vĂŞtus de leur blanche robe, pleuraient, lorsqu’un frais zĂ©phyr caressait leur chevelure, comme les filles d’autrefois sur les ossements des guerriers. LĂ , sous la voĂ»te embaumĂ©e oĂą l’ombre appelait le sommeil, se retirèrent, pour goĂ»ter le repos, les vainqueurs et les captifs. Dans la vie, il est au moins cette loi commune, que le plaisir et la douleur, les labeurs et l’oisivetĂ©, le dĂ©shonneur et la gloire, ont un mĂŞme terme: la lassitude. Devant eux, l’incendie, qui s’éteignait, jetait encore par instants ses lueurs soudaines et mourantes sur le champ de bataille; derrière eux, le soleil, dĂ©jĂ  cachĂ© par la forĂŞt, Ă©merveillait les yeux par l’illusion du feuillage enflammĂ©. Les couleurs s’assombrissaient; des bandes de corbeaux s’abattaient, en tournoyant et croassant, sur les cadavres. Ou disposa les vedettes. Autour des feux du bivouac s’agitaient en tumulte les guerriers Ă©tincelants, et sous la dent des chevaux, l’herbe rendait le bruit lointain des armes. Pareil Ă  l’aigle blanc, le Porte-glaive, blanchi par les annĂ©es, mais couvert de gloire, rafraĂ®chissant sa tĂŞte nue, au pied d’un bouleau Ă©tait assis et parlait ainsi au sombre Venceslas:

«Fils... puisque tu es si Ă©troitement uni Ă  mon cĹ“ur, puisque dans mon cĹ“ur tu as une place de fils, tu en auras aussi le nom. Ce jour n’a filĂ© pour moi que le fil du bonheur; notre Venceslas est revenu, les Tatars sont dĂ©faits; l’Ukraine est tranquille, Dieu veuille que ce soit pour longtemps! Voila des libĂ©ralitĂ©s de la fortune qui dĂ©passent mon mĂ©rite. Mais quand nos âmes ont, ce me semble, ce qu’elles dĂ©siraient, vous m’avez l’air d’un bien triste vainqueur! Vois donc, comme la lune se lève radieuse pour toi! Assez donnĂ© Ă  la gloire... il est bon de donner Ă©galement Ă  l’amour; monte Ă  cheval et galope gaiement vers ta femme qui t’aime, vers vos fidèles serviteurs, tous impatients de te revoir. Moi je veillerai sur les rondes, et demain, Ă  l’aube, vous entendrez le sabot de mon chenal vous dire bonjour. Monte sur ton cheval... il est vaillant, et te portera vite lĂ -bas. Bon voyage! et Dieu te bĂ©nisse Ă  jamais comme je te bĂ©nis!»

XIV

Venceslas se hâte d’obĂ©ir, et selon sa coutume d’autrefois, il presse la main du vieillard, qui lui rend Ă  son tour une rude, vigoureuse, mais cordiale Ă©treinte. DĂ©jĂ  cheval et cavalier passent rapidement sur l’ombre des bouleaux. Le Porte-glaive commence sa prière accoutumĂ©e. Comme il est beau le jeune Venceslas, courant Ă  travers la plaine! Sa chevelure, son panache, ont l’éclat de l’argent, et sur son armure la grosse face de la lune se rĂ©flĂ©chit en petit. Oh! qu’il est dĂ©licieux, au sein de la nature endormie dans le silence, de voler, le cĹ“ur brĂ»lant, vers sa bien-aimĂ©e, de saluer chaque objet d’un sourire amical et de tout laisser derrière soi pour courir vers le but de ses dĂ©sirs! Ils sont doux, alors, ces mille bruits qui s’élèvent par moments; le chant du rossignol, le murmure de l’onde, le coassement des grenouilles, avec leur sauvage, mĂ©lancolique, mais vive et touchante harmonie, disent Ă  nos sens Ă©veillĂ©s leurs secrets; il est dĂ©licieux alors, ce parfum Ă©manĂ© des fleurs, qui vient, au souffle lĂ©ger du plaisir, dissiper les nuages de l’affliction; alors l’âme rassĂ©rĂ©nĂ©e semble Ă©chapper aux liens de ce corps, pour voler vers le ciel et vers son CrĂ©ateur. Alors la nature est une mère! Elle partage tout avec l’homme, tout sourit Ă  l’homme, tout le rĂ©jouit; alors le sabre reste au fourreau, et l’oubli des offenses met dans les fiers regards la bontĂ©... sur les lèvres le pardon. Ainsi marche Venceslas, heureux si la foudre dĂ©chirait soudain les voiles de son vaisseau, car l’ouragan de ce monde serait impuissant Ă  le tourmenter, Ă  moins que sur son tombeau glacĂ© il ne vĂ®nt mugir avec fureur. Ainsi il dĂ©passe les steppes;... oh! trop courtes, ces douces rĂŞveries qui endorment les enfants de la terre dans l’ivresse du bonheur! comme un spectre le souvenir se dresse, rĂ©veillant le passĂ© cruel, et sous les rideaux parfumĂ©s de la couche, les fantĂ´mes viennent en foule souffler les soucis et l’inquiĂ©tude.

Il l’a vue si dĂ©faillante, si faible! ... Sans appui, le lierre caressant se flĂ©trit, et sans abri, le doux fruit ne saurait mĂ»rir, ici-bas! Quoi! Ă  peine Ă  son retour eut-il jetĂ© un regard sur son paradis

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